Espace Lames et Métaux : couteliers et couteaux d’exception

L’Espace Lames et Métaux accueille une exposition de couteaux d’exception, couteaux d’art, créations originales, couteaux ingénieux, couteaux régionaux, petits couteaux de Nontron, couteaux en silex… prêtés par les couteliers fidèles à la Fête du Couteau pour l’Espace Lames et Métaux. Pour vous y retrouver parmi la variété de ces créations, le Pôle Expérimental Métiers d’Art vous propose quelques indications sur les techniques et les matériaux utilisés en coutellerie.
Découvrez également la liste des couteliers exposés ainsi que leurs coordonnées.

Les différents aciers

L’acier est un alliage à base de fer additionné d’un faible pourcentage de carbone. En coutellerie, on utilise deux grandes familles d’acier, les aciers « carbone » et les aciers inoxydables. Les aciers sont identifiés par des codes, selon leurs teneurs en carbone, chrome et autres composés, et classés selon leur ductilité : « doux, mi-doux, mi-durs, durs ou extra-durs ».

Cette appellation courante est abusive puisque tous les aciers contiennent du carbone. En parlant d’acier carbone, on pense en réalité à une lame résistante, composée de fer et de carbone. La teneur en carbone a une très grande influence sur les propriétés de l’acier. En augmentant la part de carbone (de 0,3 à 1%), on peut augmenter la dureté de l’alliage et la résistance mécanique. Les aciers carbone sont faciles à travailler mais ils s’oxydent plus facilement. Les codes en XC désignent ces aciers, le D2 est aussi beaucoup utilisé.
L’acier a quelques inconvénients, notamment sa mauvaise résistance à la corrosion. Il est possible d’y remédier soit par divers traitements de surface soit par l’addition d’éléments. Le nickel et le chrome (au moins 11%) contenus dans certains aciers les rendent plus résistants à la corrosion, mais les lames ne sont jamais totalement inoxydables. En Anglais, on utilise le terme de « stainless steel » ou « acier sans tache ». Parmi les aciers « inox », on trouve notamment les 440, AUS, ATS et le fameux Sandvik 12C27 très utilisé sur les couteaux régionaux français.
En fonction des aciers, les couteaux ont soit une lame très tranchante, d’un acier très dur, mais très difficile à affûter le moment venu, soit une lame d’un acier doux mais qui résiste aux chocs. Les lames « sandwiches » permettent de combiner ces deux aspects. Les lames en acier sandwiche combinent en effet plusieurs aciers qui permettent d’obtenir à la fois un tranchant durable et une lame facile à affûter. Le cœur de lame est en acier dur, encadré par des couches d’aciers plus tendres, le tout soudé ensemble. A ne pas confondre avec les lames « Sandvik », du nom du fabriquant suédois qui produit un acier inoxydable. L’acier Sandvik 12C27 est un acier très fin, conçu au départ pour les lames de rasoir.

Les décorations des couteaux d’art

Le damas est une technique de forge qui remonte à plus de 2000 ans, mais on ignore son origine exacte. C’est durant les Croisades que les occidentaux découvrirent des armes forgées selon cette technique et commercialisées à Damas. Pour fabriquer un damas de corroyage, on empile plusieurs types d’aciers, doux et durs, qu’on chauffe à une température compatible à tous pour former un bloc homogène, le lopin. Ce lopin est ensuite étiré, parfois torsadé, coupé, replié, ressoudé… Ces opérations se répètent jusqu’à obtenir quelques dizaines ou quelques centaines de couches. Ces couches sont ensuite travaillées à l’acide. Les parties tendres et les parties dures ne réagissent pas de la même manière face à ce traitement et des lignes de gravures apparaissent à la surface de la lame. C’est l’oxydation des différentes couches de métal qui révèle les motifs dont la variété est infinie, chaque pièce est unique.
C’est un alliage très ancien venu d’Inde (autour de l’an 300, ou avant selon certains), connu en Russie sous le nom de « bulat ». On le confond souvent avec le damas de corroyage, il s’agit en réalité d’une sorte de damas obtenu par cristallisation. Pour le réaliser, il faut d’abord réduire l’oxyde de fer. Pour cela, le forgeron chauffe à 1200° le minerai de fer, du charbon de bois, du bois et des feuilles de végétaux dans un creuset. Après fusion, le mélange est refroidi très lentement, pour permettre une diffusion la plus homogène possible du carbone dans la matière. La présence d’impuretés chimiques favorise la création de structures cristallines, qui forment un dessin comparable à celui du damas. Le processus de forge demande une grande dextérité : l’acier ne peut être forgé à haute température car cela entraînerait la dissolution des structures cristallines. La forge à basse température nécessite un grand nombre de chaudes (action de chauffer la pièce et de la forger) et le forgeron ne peut taper trop fort la pièce au risque de la fissurer.
Le guillochage est un travail de gravure réalisé à la lime sur le dos de la lame ou sur le ressort du couteau.
Le scrimshaw est un autre type de gravure, très ancienne et d’origine esquimau (mais c’est un terme anglais). C’est une gravure à l’aiguille sur os, ivoire ou bois de cervidés. Au XIXème siècle, les marins découvrent cette technique et réalisent des scrimshaws en guise de passe-temps. On réalise la gravure à l’aiguille sur un support parfaitement poli, et suffisamment dense pour que l’encre ne se répande pas. L’os, l’ivoire, l’ivoire de mammouth fossile, les bois de cervidés, les résines blanches synthétiques comme le micarta ou végétales comme la noix de taga peuvent être utilisés. Le motif est tracé à la pointe, par petits trous, et recouvert d’encre de chine, qu’on essuie pour ne laisser que les sillons incrustés d’encre.

Matériaux utilisés en coutellerie :

Bien que le bois soit prédominant, de nombreux manches de couteaux présentent des matériaux d’origine animale. Le bois est sans doute le matériau le plus utilisé pour fabriquer les manches de couteaux. Les couteliers recherchent des bois denses et résistants. Souvent difficiles à travailler du fait de leur dureté, ils présentent un intérêt esthétique car une fois polis, leur grain fin permet d’obtenir un bel aspect. Aujourd’hui, on réalise aussi des bois stabilisés : ils ont reçu une injection de résine synthétique pour boucher les pores, ce qui les rend plus résistants à l’eau.

Les matériaux d’origine animale

Les ivoires

Le matériau le plus noble est sans doute l’ivoire d’éléphant, dont le commerce est interdit depuis 1989. On continue à réaliser des manches en ivoire d’éléphant mais il s’agit de morceaux anciens ou de réutilisation d’objets en ivoire. Les couteliers ont néanmoins à leur disposition d’autres ivoires : l’ivoire fossilisé de mammouth, l’ivoire de morse et l’ivoire de phacochère. Concernant le mammouth, on utilise également les molaires et la croûte.

Les bois de cervidés

Qu’il s’agisse de bois tombés ou provenant d’animaux sur pieds, les bois de cervidés sont très employés en coutellerie, surtout pour les couteaux de chasse. C’est une matière à la fois facile à sculpter et résistante.

Les cornes

Les cornes utilisées en coutellerie sont de deux types : la pointe de corne et la corne pressée. La pointe de corne est la plus belle : c’est la partie la plus dense car la plus ancienne, pour la travailler, on peut la redresser à chaud. La corne pressée est prélevée à la base de la corne de l’animal ; elle est trop creuse pour être utilisée telle quelle et il faut la presser à chaud pour combler les vides. Toutes sortes de cornes peuvent être utilisées : chèvre, vache, antilope, buffle, zébu….

Les os

L’os est un matériau traditionnel qui se patine bien avec le temps. Actuellement, les os utilisés en coutellerie sont surtout des os de girafe, de chameau ou encore de zébu. Ils peuvent être stabilisés et teintés.

Les essences de bois

Le bois est sans doute le matériau le plus utilisé pour fabriquer les manches de couteaux. Les couteliers recherchent des bois denses et résistants. Souvent difficiles à travailler du fait de leur dureté, ils présentent un intérêt esthétique car une fois polis, leur grain fin permet d’obtenir un bel aspect. Aujourd’hui, on réalise aussi des bois stabilisés : ils ont reçu une injection de résine synthétique pour boucher les pores, ce qui les rend plus résistants à l’eau.
Voici quelques essences communément utilisées :

Amarante

Nom scientifique: Peltogyne Origine: du détroit de Panama au centre du Brésil Densité : 0,70 à 1g/cm3 Bois de teinte violette plus ou moins foncée, souvent moiré. A la coupe, le bois est gris beige, il fonce très rapidement par exposition à la lumière, jusqu’à virer au marron. En France, il a été mis à la mode au XVIIIème siècle par l’ébéniste Cressent qui l’associait avec le bois de violette.

Amourette

Nom scientifique : Brosimum guianense
Origine: Guyanes française et anglaise, Surinam
Densité 1,05 à 1,34 g/cm3
Bois de couleur marron clair, moucheté noir ou brun comme une peau de serpent. Il est très dense et très résistant, seul le bois de cœur est utilisé. Il est aussi appelé « lettre mouchetée » car au XVIème ou XVIIème siècle il servait à réaliser des caractères d’imprimerie.

Bois de Rose

Nom scientifique : Dalgerbia variabilis ou decipularis
Origine: Brésil
Densité 0,70 à 0,90 g/cm3
Bois de la famille des palissandres au cœur souvent creux. Très beau veinage rouge et jaune alterné.

Bois de Violette

Nom scientifique : Dalgerbia cearensis
Origine: Brésil
Densité: 0,80 à 0,95 g/cm3
Bois de la famille des palissandres. Il doit son nom à sa teinte brun-violet veinée de noir.

Buis

Nom scientifique : Buxus sempervirens (buis commun)
Origine : Europe, Afrique du Nord, Asie occidentale
Densité : 0,9 à 1,06 g/cm3
Bois de couleur jaune pâle à brun, sa texture est fine et douce. La dureté de ce bois est remarquable, c’est le plus dense après l’ébène.

Ebène

Nom scientifique : Dyospyros (il existe plusieurs espèces d’ébéniers, arbres qui fournissent l’ébène)
Origine : forêts équatoriales (Inde, Madagascar, Gabon…)
Densité : de 1,00 à 1,10 g/cm3
Bois précieux très noir (Afrique équatoriale, Madagascar, Asie du Sud-Est) ou veiné (Macassar, Indonésie). Son grain très fin permet d’obtenir un poli parfait. Il est très lourd et coule si on le met dans l’eau.

Ebène verte

Nom scientifique : Tabebuia ipe
Origine: Amérique latine
Densité: 0,95 à 1,40 g/cm3
Bois brun verdâtre à noir verdâtre, sans veines ni mailles. Il a un grain très fin et sa durabilité naturelle est remarquable.

Frêne

Nom scientifique : Fraxinus excelsior
Origine: Europe
Densité: 0.65 à 0.75g/cm3
Bois blanc, à reflets nacrés, un peu rosés qui s’assombrit une fois coupé. Grâce à sa croissance rapide, c’est un bois résistant dont on se sert pour fabriquer les manches d’outils.

If

Nom scientifique: Taxus baccata
Origine : Europe méridionale, Caucase et Amérique du Nord
Densité: 0,70 à 0,85g/cm3
Bois jaune à rose pâle ou brun orangé, souvent marqué de petits points noirs ; après un séjour dans l’eau, il devient rouge. Son bois dense est homogène et très durable, il ne présente pas de sève.

Loupe d’Amboine

Nom scientifique : Pterocarpus indicus
Origine: Inde (îles Andaman) – Malaisie – Philippines – Vietnam
Densité: 0,70 à 0,80 g/cm3
Une loupe (ou broussin) est une excroissance apparaissant sur certains arbres à la suite de défauts de circulation de la sève. La loupe d’Amboine est une excroissance de certains padouks, sa couleur varie du rouge brun au jaune rosé. Ce sont des loupes recherchées pour la finesse de leur veinage mais elles sont très rares. Utilisé au début du XXème siècle, le padouk a pratiquement disparu, remplacé par l’hévéa.

Palissandre

Nom scientifique : Dalgerbia
Origine : forêts tropicales.
Densité : 0,85 g/cm3
Bois au ton pourpré nuancé de noir. Le palissandre le plus recherché est celui de Rio, Dalgerbia negra, mais victime de la surexploitation, il est interdit de commercialiser des bois coupés après 1992. Par conséquent, ébénistes, luthiers et couteliers utilisent surtout du palissandre d’Inde (Dalgerbia latifolia).

Wengé

Nom scientifique : Millettia laurentii
Origine: forêts tropicales et équatoriales d’Afrique
Densité: 0,80 à 0,95 g/cm3
Bois jaune à la coupe virant au brun foncé au contact de l’air. Il se travaille facilement mais le poli est difficile car son grain est grossier.